- ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
- ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUEÉQUILIBRE ÉCONOMIQUEL’équilibre économique a permis des recherches qui, de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, ont été marquées par une intégration sans cesse plus importante des éléments de la vie économique réelle. L’économiste marginaliste français Léon Walras (1834-1910) et son disciple Vilfredo Pareto (1848-1923) vont apporter à cet effort théorique une contribution féconde bien qu’abstraite. Tous deux partent du principe que les valeurs économiques se déterminent mutuellement, car, selon Walras, il y a interdépendance générale des marchés de produits et des marchés de services producteurs. C’est sur ce phénomène d’interdépendance que ces auteurs fondent l’idée d’un équilibre stable, où certaines forces compensent automatiquement les déviations et tendent à rétablir la situation antérieure. Walras représente un tel équilibre à l’aide d’un tableau économique qui préfigure les tableaux d’échanges intersectoriels utilisés dans les États modernes. Ce schéma présenté par Walras et Pareto présuppose l’application intégrale des règles de la concurrence parfaite. De plus, il ne tient pas compte du facteur monétaire, car pour ces auteurs, comme pour leurs prédécesseurs classiques, la monnaie est un secteur secondaire qu’il convient d’écarter de l’analyse théorique.Formé à la démarche concrète du maître de l’«école de Cambridge», Alfred Marshall (1842-1924), John Maynard Keynes (1883-1946) renouvelle la théorie de l’équilibre en plaçant au centre de son raisonnement la situation de plein emploi dont ne s’étaient pas préoccupés Walras et Pareto, qui pensaient que le salaire jouait sur le marché de la main-d’œuvre un rôle uniquement régulateur («quand la population active augmente, la baisse des salaires nominaux permet de maintenir le plein emploi»). Par ailleurs, l’analyse keynésienne privilégie un élément ignoré par les néo-classiques: le temps; le comportement des agents économiques est alors étudié sur une période et non plus à un moment précis, et l’intérêt de la méthode est de trouver des cas où l’influence de ce facteur se vérifie dans les politiques économiques; cela implique toutefois que l’on considère les fluctuations non plus comme des mouvements cycliques, neutres et abstraits, mais comme les conséquences de comportements caractérisés. En rejetant l’idée d’un équilibre spontané, Keynes accepte l’établissement d’un équilibre final où les rapports entre épargne et investissement se trouvent fondamentalement modifiés. Réfutant l’idée de l’épargne préalable nécessaire au démarrage de l’investissement, il affirme en effet l’existence de l’équilibre ex-post de l’investissement et de l’épargne. Dans cette perspective, l’équilibre dépend non plus de l’ajustement des prix mais de la variation du revenu. Pour Keynes, tous les équilibres sont possibles (les mauvais comme les bons); mais, selon lui, l’équilibre souhaitable est celui qui permet le plein emploi; il peut être obtenu par un niveau élevé de l’investissement, lequel conditionne le produit national et l’épargne.Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette conception de l’équilibre a eu des prolongements concrets et relativement satisfaisants dans les politiques économiques des nations de l’Ouest européen, l’intervention de l’État dans la vie économique assurant un volume suffisant à l’investissement. Les continuateurs de Keynes, notamment l’Américain Paul Samuelson, ont apporté à l’équilibre macroéconomique une contribution plus formelle en précisant davantage la notion d’investissement et en s’attachant à mieux connaître la répartition du revenu national. Il faut remarquer que ces deux conceptions néo-classique et keynésienne de l’équilibre regroupent elles-mêmes des équilibres partiels (entre offre et demande sur un marché, entre revenu et consommation pour les ménages, sans compter l’équilibre budgétaire, l’équilibre international...).
Encyclopédie Universelle. 2012.